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DSCF1935bisLe 6 février, la ville de Toulouse lance le top départ de la construction de son futur téléphérique qui franchira la Garonne pour relier l’Oncopole à l’Université Paul Sabatier, au sud de la ville, en moins de 10 minutes. Il sera mis en service à horizon 2020. Parmi les entreprises du consortium figure Bouygues TP Régions France, filiale de travaux publics du Groupe. L’entité a participé, aux côtés notamment de Bouygues Bâtiment Grand Ouest et de Bouygues Énergies & Services, à la construction du premier téléphérique urbain en France dans la ville de Brest, mis en service en novembre 2016.

Moins polluant, silencieux, plus économique et moins énergivore, ce nouveau mode de transport par câble aérien présente de nombreux atouts pour séduire les villes. Eclairage avec Frédéric Godin, directeur commercial pour Bouygues TP Régions France.

 

En quoi le téléphérique représente-t-il une solution de mobilité douce ?

Les villes s’intéressent désormais de plus en plus à ce mode de transport alternatif, qui permet notamment de transporter des personnes dans le cas où l’on souhaite franchir certains obstacles comme une rivière, une voie ferrée, des fortes dénivelées, etc. Le téléphérique de Brest survole le fleuve de la Penfeld, et un site important occupé par la Marine Nationale. Dans ce contexte, le téléphérique s’est présenté comme une solution pertinente et à moindre coût, puisqu’elle permet d’éviter de construire une passerelle de dimensions très importantes.

En France, le téléphérique représentait jusqu’alors un mode de déplacement exclusivement réservé à la montagne. Il gagne aujourd’hui les villes grâce à une évolution récente de la réglementation qui encadre les enjeux de survol dans les environnements urbains(1). Cette nouvelle réglementation permet de maîtriser l’implantation d’une ligne de transport par câble en milieu urbain, en particulier par rapport aux riverains.

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Quels sont les avantages liés au choix de l’installation d’un téléphérique ?

Tout d’abord, le transport par câble aérien, à la différence d’un réseau de bus ou de tram, n’a pas d’interférence avec le réseau routier, ce qui participe à décongestionner la circulation.

Par ailleurs, le téléphérique présente de sérieux atouts en termes de consommation d’énergie. En effet, rapporté à un passager, on estime qu’un téléphérique émet sept fois moins de gaz à effet de serre qu’un bus. Le principe retenu pour le téléphérique de Brest est un parcours en toit, c’est-à-dire que les cabines montent avant de se croiser et redescendre. Le système prévoit une solution de récupération de l’énergie de freinage en descente, qui est utilisée au service de la montée du cycle suivant.

D’autre part, cette solution présente l’avantage d’une faible emprise au sol, puisque celle-ci se limite à une station de départ et d’arrivée, ainsi qu’un pylône. Elle est également silencieuse.

 

Y-a-t-il des freins ou des contraintes spécifiques à l’adoption d’un réseau de téléphérique ?

Les contraintes sont très limitées puisque le téléphérique n’impacte que très peu le tissu urbain.

Le principal frein que nous avons observé est plutôt d’ordre culturel. Cela peut susciter, de la part des riverains, des inquiétudes liées à l’intrusion visuelle et la dévaluation des biens immobiliers que cela pourrait causer. Pour améliorer l’acceptabilité du réseau de téléphérique à Brest, nous avons mis en place la teinte automatique d’une partie des vitres des cabines, à l’approche des habitations afin de préserver l’intimité de leurs résidents.

Y-a-t ’il des projets dans d’autres villes en France et à l’international ?

Ce mode de transport se développe à l’international, notamment dans les pays du Maghreb et d’Amérique : New York, Alger, Bolzano (Italie), Medellin (Colombie), ou encore Rio ont déjà intégré un téléphérique à leur réseau de transport urbain.

Après Brest et Grenoble, Toulouse deviendra la troisième ville française à mettre en place son téléphérique urbain. En France, le concept se développe, puisque de nouveaux projets de ce type sont en cours à Orléans, Saint Denis (La Réunion), Créteil(2) et dans une dizaine de communes franciliennes.

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Le téléphérique à Medellin (Colombie), construit en 2003. (source : www.remontees-mecaniques.net)

Quel est le savoir-faire du groupe Bouygues sur un tel projet ?  

Le téléphérique de Brest a été réalisé par un groupement(3), dont ont fait partie plusieurs entités de Bouygues Construction aux côtés du téléphériste Bartholet.

Pour assurer la conception et la construction de l’ouvrage, Bouygues Travaux Publics a été le mandataire, en partenariat avec Bouygues Bâtiment Grand Ouest. Nous avons travaillé avec Bouygues Energies&Services pour réaliser le lot « électricité et gestion technique centralisée » de l’ouvrage en sous-traitance. Ce projet d’envergure a illustré la grande complémentarité des métiers du Groupe afin de mettre en place des solutions innovantes de mobilité au service d’une ville plus durable.

 

 

(1) L’ordonnance n°2015-1495 du 18 novembre 2015 parue le 20 novembre au Journal Officiel permet le développement des transports publics par câble en milieu urbain car elle instaure des servitudes d’utilité publique de libre survol, de passage et d’implantation des dispositifs indispensables à la sécurité. La loi de 1941 concernant les servitudes en faveur du transport public par câbles était inapplicable hors zone de montagne et ne permettait pas la réalisation de ce nouveau mode de transport, n’étant pas adaptée aux objectifs de sécurité et aux enjeux de ce type de transport public. En savoir plus : http://www.lemoniteur.fr/article/telepheriques-en-ville-une-ordonnance-pour-fixer-les-regles-de-survol-des-terrains-prives-30514145
(2) Le Téléval reliera Villeneuve saint George à Créteil dans le Val-de-Marne d’ici 2021.
(3) Groupement constitué de Bouygues Travaux Publics Régions France (mandataire), Bouygues Bâtiment Grand Ouest, Bartholet (téléphériste), le cabinet d’architectes Brestois Halet Villette et les bureaux d’études SETEC et DCSA.