Préserver la biodiversité autour des infrastructures issues des travaux publics
Trois questions à Brice Quenouille (cellule de génie écologique Bouygues Travaux Publics).
Pourquoi une entreprise de Travaux publics telle que Bouygues TP a-t-elle une cellule de génie écologique en son sein ?
La construction d’ouvrages d’art peut avoir un fort impact sur la faune et sur la flore. Il importe donc, et cela est prévu par la loi, que nos projets proposent des solutions favorisant la résilience des écosystèmes, au travers de mesures dites d’évitement, de réduction ou de compensation d’impact.
Le génie écologique constitue l’ensemble de techniques permettant la reconstitution de milieux naturels, la restauration de milieux dégradés et l’optimisation de fonctions assurées par les écosystèmes.
Notre équipe, qui est composée de spécialistes de la faune, de la flore et des milieux naturels, a déjà mené de nombreux projets pour Bouygues TP et est à la disposition de tous les acteurs de la filière travaux publics pour leur apporter expertise et savoir-faire tant technique (investigations de terrain, conception de mesures) que réglementaire (procédures d’autorisation).
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de réalisations améliorant la biodiversité autour des infrastructures de travaux publics ?
Je pourrais citer quatre types de réalisations, que nous avons menées en nombre important :
- La restauration de milieux humides
Des mares sont créées, des berges profilées et végétalisées, des plantations sont réalisées à terre et dans l’eau, ainsi que des transferts de végétation et des aménagements divers pour la faune.
- La mise en place de gites et abris pour la petite faune
Nous réalisons des terriers, pierriers, nichoirs, chiroptéroducs 1, etc. , afin de créer des habitats de vie, de repos, d’hibernation, d’alimentation ou de reproduction, pour la petite faune : reptiles, amphibien, petits mammifères, chauve-souris.
- Les ouvrages de traversée
Les écoponts que nous construisons contribuent à rétablir la transparence écologique pour la faune de toute taille. Ils passent au-dessus des infrastructures. Les écoducs, qui passent en dessous, sont plus spécifiquement adaptés aux amphibiens et à la petite faune. Outre ces ouvrages, il importe surtout de concevoir les passages supérieurs ou inférieurs (ponts destinés à la voirie ou aux cours d’eau) de manière qu’ils puissent également être empruntés par les animaux sauvages.
Y a-t-il des sujets de biodiversité actuellement émergents pour vous ?
En lien avec nos nombreux projets maritimes, nous apportons une attention croissante à la biodiversité dans le milieu marin. L’actuel chantier de l’extension en mer de Monaco est l’occasion de mettre en œuvre un programme particulièrement ambitieux de mesures d’écoconception des ouvrages, en travaillant sur les matériaux, les formes, la rugosité. Par exemple, tous les caissons qui forment la ceinture de protection de l’extension en mer ont été réalisés avec un objectif de biomimétisme. Sous l’eau, ils deviennent des habitats pour la flore et la faune.
D’une façon plus générale, le génie écologique recèle un fort potentiel d’innovations, car outre l’urgence écologique dont tout le monde prend de plus en plus conscience, les solutions fondées sur la nature s’avèrent moins consommatrices de ressources et sont moins chères. Et n’oublions pas que le végétal est composé pour moitié de carbone. Le génie écologique, c’est une solution de séquestration du CO2 atmosphérique et donc de lutte contre le dérèglement climatique.
1 Passerelle à chauve-souris